« Soigner le mal par le mal » expose à des risques majeurs

Début avril, une opération conjointe menée en Afrique par l’Organisation mondiale des douanes et l’Institut de Recherche Anti-Contrefaçon de médicaments (IRACM) avait permis d’intercepter, en quelques jours, plus de 550 millions de doses de médicaments illicites.

Début mai, ce fut au tour des douanes du Havre de se distinguer grâce à la découverte, sans précédent en Europe, d’une cargaison contenant 1,2 millions de sachets d’aspirine contrefaite.

Cette semaine, enfin, les services d’Interpol sont parvenus à saisir, en collaboration avec les autorités de 99 pays, près de 9,8 millions d’unités de médicaments falsifiés.

Au-delà de la seule bataille de chiffres, le constat est sans appel : la consommation de médicaments contrefaits connaît, depuis quelques mois, une croissance exponentielle ! Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, « plus de 50% des médicaments proposés à la vente sur Internet seraient des contrefaçons ». Un phénomène d’autant plus inquiétant que l’augmentation des ventes de médicaments en ligne semble inéluctable.

Loin de se réduire à un seul problème de propriété intellectuelle, la contrefaçon de médicaments soulève une réelle question de santé publique et d’éthique. Car s’il a pour mission première de « guérir », le médicament, consommé dans des conditions inadaptées ou simplement falsifié, peut s’avérer extrêmement dangereux. Et, n’en déplaise aux adeptes des syllogismes de tout genre, « soigner le mal par le mal » n’a jamais été une bonne solution !

Étymologiquement, le mot « médicament » provient du latin « medicamentum » qui signifie, dans son acception première, « remède ». Ainsi, le médicament est par définition un produit actif, censé posséder des propriétés curatives destinées à « guérir » ou encore à « prévenir». Pour être pleinement safe, il doit être fabriqué dans des espaces adaptés et certifiés, respectant les normes d’hygiène les plus strictes. De même, il doit être consommé selon des directives de prescription précises que seuls les professionnels de santé – médecins et pharmaciens –  sont habilités à définir.

A l’heure où Internet démultiplie les offres commerciales, c’est dire toute l’importance de mieux contrôler la traçabilité, l’origine et la fiabilité des médicaments. Les mesures prises par Marisol TOURAINE pour encadrer la vente de médicaments sur Internet en la restreignant aux seules officines vont dans le bon sens mais demeurent insuffisantes. En effet, seule une coopération étroite entre tous les acteurs concernés – laboratoires pharmaceutiques, professionnels de santé, autorités douanières et policières et responsables politiques – permettra à terme d’enrayer la progression de ce phénomène.

L’enjeu est majeur. Car si on accepte des concessions à la rigueur dans la fabrication et dans les modalités de distribution, le médicament peut s’avérer extrêmement nocif, voire même mortel… Et à ceux qui en douteraient encore, assurément, le médicament n’est pas un produit comme les autres !