Nous devrions faire un tour aux champs, en mer… ou écouter nos médecins !

QUESTION : Quel point commun y a-t-il entre un agriculteur, un marin et un médecin ?

Ils sont peut-être les derniers représentants, dans notre monde moderne, d’une catégorie en voie d’extinction : celle des êtres qui vivent en contact étroit avec la nature, et sont contraints de se soumettre à sa loi ; la mer est indomptable, la récolte est soumise au bon vouloir du Dieu Soleil et la maladie est souvent bien mystérieuse. Cette fréquentation assidue de la nature, développe incontestablement des qualités essentielles qui font de plus en plus défaut chez nos contemporains, les plus brillants soient-ils : une forme de fatalité, qui n’est pas résignation mais sagesse, une forme d’humilité, qui n’est pas démission, mais conscience que l’homme peut trouver plus fort que lui, un sens de l’observation, qui n’est pas placidité, mais acceptation de l’inexplicable.

Avouons que notre monde citadin est plutôt à l’opposé : tout doit être rationalisable, explicable, planifiable et les « experts » et statisticiens sont incontestablement les «gourous» de notre époque.

La population des marins a fondu en proportion de l’allongement des chalutiers, celle des agriculteurs en proportion de la taille des moissonneuses-batteuses. Seule la population des médecins continue de grossir obstinément et, de plus, refuse de se conformer scrupuleusement à nos lois économiques modernes. Il est donc urgent d’y mettre bon ordre et rapidement ! Aussi ont été décrétés :

  • Le développement des maladies et leur coût de traitement seront désormais strictement indexés sur celui de notre Produit Intérieur Brut ;
  • Toute maladie bénigne ne nécessite plus de médecin pour être traitée (panacée de l’automédication) ;
  • Toute maladie bénigne ne nécessite plus de médicaments innovants (panacée des génériques) ;
  • Si les patients sont malades, c’est de la faute des médecins (panacée des restrictions d’honoraires médicaux) ;
  • Etc,etc…

Ainsi, nos dirigeants espèrent-ils enfin dompter cette pauvre nature, dont la maladie et les médecins constituent un des derniers bastions de résistance.

Attendons de voir !

Dans ce combat là, qui n’est pas celui du poisson ou du blé, mais celui de la vie, la nature n’a peut-être pas dit son dernier mot !

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