La vie de l’esprit n’est pas l’esprit de la vie

Il y a l’esprit, il y a la vie. Et l’esprit de la vie s’accommode assez mal de la vie de l’esprit. Il n’est pas donné à tout le monde de vivre un œil fixé sur la glèbe, l’autre sur les étoiles. En littérature comme au quotidien.
Au XVIIème siècle, l’esprit dominait chez les gens de lettres, comme sans doute dans la société. Littérature austère, grande, élevée, noble, désincarnée, profonde et édifiante, lumineuse mais froide, où gloire, honneur et foi sont derrière chaque mot. Ce fut le siècle des tragédies et des joutes religieuses.
Au XIXème siècle, la vie s’ébroue. Littérature prolixe, complaisamment descriptive des choses et des gens bien plus que des âmes, des petitesses bien plus que des grandeurs, des aspirations bien plus que des inspirations, de l’argent et de l’amour terrestre bien plus que des richesses et de l’amour célestes. Ce fut le siècle des romans et des poèmes.
Le XVIIIème siècle, siècle de transition, fut le siècle du Louche plutôt que des Lumières.Chacun louchait ; ceux qui étaient faits pour regarder la glèbe prétendaient admirer les étoiles; ceux qui étaient faits pour les étoiles se piquaient de comprendre la glèbe. Ce fut le triomphe du faux, du précieux et du ridicule. Mais époque de transition somme toute nécessaire.

Concernant le XXème siècle, si riche et foisonnant, attendons qu’il décante pour statuer…

Quant au XXIème siècle, enfin, il ne nous a pas encore clairement montré de quoi il était fait…

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